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Performances documentées

Documentation de performance, 2010, vidéo 5 minutes 11 secondes.

Performance, montage vidéo et sonore : Johanna Falkenberg.

Bande sonore « Paradise Circus », Massive Attack.

 

 

Pour moi, les images sont simplement des représentations, des archétypes matérialisés.Dans cette réalisation, je n’avais pas envie de parler de mon histoire, parce que je voulais que chaque spectateur puisse s’identifier dans la représentation, qu’il ne s’arrête pas sur des visages peu familiers mais sur leur symbole… Mais de quelle histoire pouvais-je mieux parler que de la mienne ? Alors pour faire comprendre les liens sans les mots, par les images et les gestes du corps, j’ai choisi de projeter sur un mur des photos de personnes qui m’ont marquées, des images qui parlent par elles-mêmes, qui n’ont pas besoin d’explications. Ce travail établi comme fond de la performance n’est pas sans rappeler les projections de diapositives de Nan Goldin, dont la plus connue peut-être, « The Ballad of Sexual Dependency », l’a rendue célèbre. Je ne prétends pourtant pas montrer la vie telle qu’elle est sans pudeur, en l’espace de cinq minutes… Pas non plus de volonté introspective dans le ballet… Simplement le désir d’une représentation simple à laquelle tout spectateur pourrait s’identifier, se questionner lui-même…

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi des projeter les souvenirs en noir et blanc. Souvent évocateur du passé, il me permet de maintenir une dimension « anonyme », importante dans le message que je veux faire passer… Les seules photos en couleur qui apparaissent sont celles de la terre dont on vient et du ciel que l’on espère peut-être rejoindre à force d’essayer d’apprendre à voler… La couleur n’est pas sur les visages, ni sur la silhouette vêtue de noir, pied nus, dans l’obscurité de la pièce qui empêche de distinguer des caractéristiques particuliers… Des simples photographies on peut déduire un rôle, un lien, de part notre culture… La femme, puis l’homme tenant un bébé dans ses bras, un enfant penché sur un berceau, des visages plus mûrs, des rires, des regards sérieux, des attitudes suggérées dans la pose… L’éclairage permet aussi un jeu d’ombres qui efface encore la notion d’identité et nous offre deux perceptions de la « danse » : un présent représenté par une silhouette vivante et des liens d’or qui s’attachent au fil de la musique, et une ombre du passé, noire et floue qui suit les gestes se confondant avec le noir et blanc des visages, sur ce même plan.

Sur la paroi, les liens déjà établis pendent dans le vide, un peu comme un destin qui dépend de nos choix. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la légende du Minotaure, à la symbolique du fil d’Ariane… L’expression “le fil d’Ariane” caractérise, en référence à cette légende, le moyen qui permet de se diriger au milieu des difficultés, de raisonner. Je ne voulais pas seulement représenter des liens, je voulais leur donner un sens, par l’image et le mouvement du corps… Alors j’ai aussi choisi de couper des liens, d’en changer la place, d’inclure dans la chorégraphie la rupture, la mort, une forme de souffrance au sein de la vie, dans la pudeur d’un geste tendre.

Tout ce concept peut-être résumé dans cette citation d’ Eugène Delacroix : « Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu’on ne coupe qu’à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. » Le choix dans la représentation des liens, bien que dépourvue de moyens techniques, n’est pas sans rappeler le travail de Eiko Ishioka pour le vidéo clip de Björk : « Cocoon »… La fin nous ramène au commencement, dans une caresse sur l’ombre de la mort… Quelques variantes cependant : la silhouette s’agenouille avant de se coucher, retourne à la terre attachée à toutes ces ficelles, attachée au ciel maintenant projeté sur le mur évoquant des possibilités, le souvenir d’un passé partagé, le rêve de voler, les liens qui nous freinent, les liens qui nous qui nous parent d’or et restent malgré l’absence…

Et là, sur la silhouette couchée au sol, peut-être les fils pourraient se transformer en plumes… Peut-être…

Nous sommes le FLAC, 2011.

Documentation vidéo, 5min 18sec.

Performance réalisée dans les rues du centre ville de Rennes.

Images : Alexis Grégoire.

Montage audio et vidéo : Johanna Falkenberg. (bande son : It's oh so quiet, interprétée par Björk)

 

FLAC, pour Fond Local d'Art Contemporain, vient répondre à l'idée du déménagement du FRAC Bretagne. Dans le cadre d'une performance, je reprends le principe de l'homme sandwich, qui fait son apparition à Londres, vers 1820, pour éviter de devoir payer une taxe sur les enseignes et les affiches fixes. Certes je ne prétends pas montrer des pièces maîtresses de l'art contemporain, juste mes travaux, des liens vers mes travaux, aussi humbles soient-ils.Par contre, je me permets un petit pied de nez humoristique aux institutions qui font de l'art un produit de luxe, parfois difficile d'accès pour une majorité, et ce dans tous les sens du terme.Je voudrais montrer par ce biais, que nous sommes tous des artistes, qu'aujourd'hui l'art se doit de rester une forme d'expression, mais aussi devenir une forme de communication, et bien plus que la publicité dont l'omniprésence nous harcèle à chaque coin de rue...Par la performance, je me rends aussi disponible à la rencontre, aux réactions, aux conseils; vulnérable aux critiques, aux reproches...Mais l'art n'appartient pas seulement aux artistes, aux académiciens, aux critiques spécialisés... Non, l'art est dans la rue, et dans le regard des passants qui daignent s'arrêter un instant afin de partager un ressenti, un jugement, une critique, un éclat de rire... Alors Rennes, l'art, c'est nous, l'art, c'est toi, au hasard d'une performance, je serai un Fonds Local d' Art Contemporain!

 

 

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Vous êtes, 2011.

Documentation photographique de performance (action).

Photographie, action : Johanna Falkenberg.

12 clichés.

 

Pour cette action, je me suis promenée dans les rues de Rennes, dans l’Ille et Vilaine, pour demander aux passants et commerçants de poser pour une photographie en maintenant devant eux un petit panneau portant le titre de l’œuvre. Le temps d’une pression sur le déclencheur, ces personnes se sont transformées en « objet » d’art. Le titre laisse deviner les conditions éphémères de ce nouveau statut, et le jeu de mot, sur « critique », invite à la réflexion sur ce qu’est une œuvre d’art, sur son contexte et sa fonction.

 

Voir aussi l'installation du projet.

Lecture, 2013.

Performance, environ 10 minutes.

Adaptation dans l'espace du texte de l'article et performance : Johanna Falkenberg.

 

Ci-dessus la partition de la « performance » lue :

Texte : Interview de Hubert Reeves par Corinne Allavena, "Protéger la nuit, c’est la vie", pour le magazine Biomood n°2, janvier/fevrier 2013, pp.33-35.

 

Afin de coller au plus près des propos d’Hubert Reeves dans ce texte, j’ai choisi de reprendre l’élément de l’obscurité et de mettre le texte en scène à l’aide d’une lampe de poche. Comme je ne pouvais pas lire dans le noir, j’ai enregistré le texte lu et crée une partition pour la performance et le jeu de lumière.

J’ai choisi les passages « éclairés » suivant ce que j’avais envie d’accentuer, ce sur quoi j’avais envie d’attirer l’attention.

Le jeu de lampe était une manière de vivre et de faire vivre le texte, de lui redonner une dimension poétique plus difficile à percevoir dans l’article lorsqu’il se trouve dans son contexte. Je souhaitais disposer les personnes en arc de cercle afin de re-créer un atmosphère conviviale, comme on pourrait s’arranger autour d’un feu de bois dans la fraicheur d’un soir. (NB : j’aurais donc du supprimer les chaises du dispositif, pour que les personnes soient assises sur le sol.)

C’est la « conférence » d’Esther Ferrer L’art de la performance : Théorie et Pratique du Musée de la danse qui m’a inspirée ce travail de lecture.

Sa « crypto performance » m’a beaucoup fait rire et lorsque j’ai lu cet article sur l’obscurité, c’est à cette occasion que j’ai pensé, ce qui m’a donné l’idée de la lampe de poche !

Par sa conférence, elle fait en effet comprendre à son public qu’une performance, ça se vit, ça peut aussi être un moment de partage et de convivialité. J’ai l’impression que dans son travail, comme dans Le chemin se fait en marchant (face A) présenté au FRAC début 2013, elle cherche à amener le public à faire partie de l’expérience à part entière, n’importe quel spectateur pourrait être acteur et l’expérience de ses performances est toute particulière, elle ne met pas les gens à l’écart, elle ne se présente pas comme « l’artiste toute puissante ».

Elle partage ses recherches, ses interrogations. Elle les met en scène pour les offrir aux gens.

Extraits choisis de Lecture on Nothing, de John Cage.

 

Je suis ici                             ,                                      et il n'y a rien a dire .

                                                  Si parmi vous

Il est certains qui veulent         arriver quelque part               ,           qu'ils partent quand ils veulent                       Ce dont nous avons besoin                         c'est  le silence           ;         mais ce dont le silence a besoin                               c'est       que je continue de parler .            (...)                              Lentement            ,              nous                                     avons le sentiment                            que nous n'allons                                 nulle part          .                        C'est un plaisir                             qui continuera                 Si nous somme irrites                           ce n'est pas un plaisir               .              Rien n'est un plaisir si on est irrité                            ,                              mais soudain                           ,                        c'est un plaisir         .                          Et de plus en plus                ,                         ce n'est pas irritant                      .          Et de plus en plus                            et lentement                   .                  A l'origine          nous n'etions nulle part 

et maintenant                      ,                       a nouveau

                  Nous avons                      le plaisir                                  

de n'être                             lentement                                           nulle part. (...)

One Minute Speech, conférence "désarticulée", sur rien de John Cage, 2013.

Performance, environ 1min.

Adaptation du texte, mise en espace et performance : Johanna Falkenberg.

Présentée ici la captation de la première représentation publique à l'université de Rennes 2.

 

Lorsque j'ai vu Eszter Salamon performer Dance for Nothing au Musée de la danse, et entendu pour la première fois le texte de Lecture on Nothing de John Cage, je n'attendais qu'une chose, c'est de trouver l'occasion de me réapproprier le texte et l'idée !

Le « one minute speech » (présentez-vous en 1 minute) en était l'occasion idéale, un véritable challenge... En effet, comment traduire en une minute, chrono en main, un texte qui joue sur la longueur et la lassitude des gens ?

Et dans la performance d'Eszter Salamon, sur son mouvement casi perpétuel contre notre attitude de spectateur « figé » ?

Je voulais « danser » cette minute, et j'ai du aller au plus simple...

J'ai choisi les phrases et je les ai apprises par cœur afin de pouvoir maintenir un rythme qui ne soit pas trop en désaccord avec les propos. Le fait de s'asseoir et de se lever sans cesse, et de tourner la chaise donnait l'impression d'aller quelque part, mais l'on n'était forcé de constater qu'on n'allait nulle part. C'était une façon de marquer le contraste entre le texte de Cage qui invite à savourer l'instant, le bruit de l'instant, et notre société de gens pressés, qui finalement, vont très vite nulle part.

© 2014 par Johanna Falkenberg.

"The pursuit of truth and beauty is a sphere of activity in which we are permitted to remain children all our lives".

Albert Einstein

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